Nom
"Andeutung, wie die Spanischen schiff in Callao de Lima Verbrandt Worden" [Vue sur la façon dont fut brûlée la flotte espagnole à Callao de Lima] In Historia Antipodum oder Newe Welt, 1631 (1655)
Pérou : Contrée de l'Amérique méridionale,
très riche en or et en argent.
Emile Littré

A deux lieues de la Ville des Rois, est son port,
dit Le Callao en raison des nombreuses pierres
qui s'y trouvent.
Martín de Murua
Martín et son frère Germán en juillet 1965
Lima, Plaza de Armas, 1960s http://enperublog.com
Grandit à Lima :
154 mètres au dessus du niveau de la mer
8,1 M d'habitants
population : indios, negros, mulatos, mestizos,
gringos, japoneses, chinos y todos los demás
en un proceso de extirpación de idolatrías
L'apprentissage dure 6 ans. Après 2 premières
années pluridisciplinaires, il faut s'engager dans
une pratique. Martín Salazar se voit peintre, on
le voit peintre, mais Anna Maccagno parvient à
le recruter en sculpture. Du coup, le mélange
des pratiques - jusqu'à parfois l'indifférenciation
- ne cessera pour lui de faire question.
http://departamento.pucp.edu.pe/arte
Martín Salazar
vue du patio affecté au dép. de sculpture et détail de Gemelos, métal et bois colorés
photos : Jenny Yau
Martín Salazar
Niña con Muñeca, collagraphie 1/2
Premier cours d'art plastiques.
Aime par-dessus tout gribouiller
les personnages de dessins animés
Entre en 1981 à la Facultad de Arte de la
Pontificia Universidad Católica del Perú
(PUCP).
Adolfo Winternitz (Vienne 1906- Lima 1993) fonde la future
Faculté d'art de la PUCP en 1940, un an après son avoir émigré
d'Italie. Les références de l'école sont européennes : abstraction
géométrique, expressionnisme abstrait et autres écoles de la
modernité. La Faculté est reconnue en 1979 par l'Unesco pour
ses méthodes pédagogiques avancées et devient un modèle
pour les autres écoles d'art d'Amérique Latine.
Anna Maccagno (Rome 1918-Lima 2001) grandit à Rome
au sein d'une famille antifasciste, dans un palais de la Piazza
Farnese dont l'escalier serait de le Bernin. Sculpteur autodidacte, arrivée au Pérou en 1946, elle étudie de 1952 à 56 dans l'école
d'art fondée par Winternitz. Après être retournée en Europe
se parfaire, elle intègre le corps enseignant de la Faculté,
avant d'en assumer plus tard la direction. Immense artiste,
elle est également un professeur vénéré par ses élèves.
Projets pour deux sculptures publiques.
Installations de foire, figures humaines manipulées et manipulables à la manière de jouets, gémellité et vie quotidienne sont autant de thèmes qu'il explore.
Après avoir été introduit par Winternitz dans le milieu de l'art sacré, après avoir relevé ce défi qui consiste à réaliser une œuvre de culte, il retourne à la faculté en 1990 pour enseigner le dessin et la sculpture.
Au terme d'un séjour en Chine qui aura finalement duré plus de 5 ans, il part pour Paris où réside sa compagne. Son premier atelier est idéalement situé dans la Cité internationale des arts en bordure de Seine face à l'île Saint-Louis.
Attiré par la diversité des musées et lieux d'art contemporain, qui ne montrent plus une culture unique, si vaste soit-elle, mais les cultures et les arts du quasi monde entier, il se retient de ne pas
y passer tout son temps.
Anna Maccagno
Martín Salazar
(gauche) sculpture publiée par Hoy, 08-03-1987
(droite) sculpture publiée en 1986
(gauche) Majishan
(droite) Dunhuang
(bas gauche) « Trois étrangers entreprennent la Longue marche » paru en 1997. Voyage filmé organisé pour la télévision et diffusé en feuilletons.
(gauche) créature auspicieuse, pierre, Shunling (mausolée de la mère de l'impératrice Wu Zetian), dynastie des Tang
(centre) Sun Jiabo (né en 1940), La longue natte, 1995, cyprès, 108 x 15 x 19 cm
(droite) Zhu Da (1626-1705), encre sur papier
(gauche) en résidence chez Imagine Gallery, Pékin, 2005
(centre) sculptures de Martin dans l'atelier de Xiang Jing et Qu Guangci, Shanghai, 2005
(droite) expulsion manu militari des ateliers, Suojiacun, Pékin, 15 nov. 2005 © PF
En 2005, les sculpteurs Xiang Jing et Qu Guangci l'invitent à participer au programme qu'ils dirigent au Fine Arts College of Shanghai Normal University. Ce séjour de 5 mois l'incite à reprendre un atelier en Chine. Commence alors un nouveau mode de vie fait d'allers et retours entre Paris et Pékin.
Sculpter sans désir c'est être chassé instant
après instant du Paradis terrestre…
Marcel Petit
(gauche) Assouan
(droite) Cerrillos Cultural Center, Nouveau Mexique, USA © PF
Martín Salazar
(gauche) photomontage : Enrique Chiroque
(centre) photomontage : Antonio Ramos
(droite) détail
María Gracia de Losada, Martín Salazar et Rocío Rodrigo, Lima, 2002
En 1993, Anna Maccagno entourée de ses anciens élèves devenus professeurs : Lika Mutal, Susana Rosselló, César Campos, Raúl Cuba, José Santos, Johanna Hamann, Marta Cisneros, Verónica Crousse, Sonia Prager, Martín Salazar…
Martín Salazar, études en argile et en cire
chambre-atelier à l'école des beaux-arts de Pékin © PF
(gauche) atelier de la rue Lebour
(droite) les outils de Marcel © PF
L'abstraction, et son corrélat l'abstraction géométrique,
reste le langage dominant dans la faculté. Martín Salazar en conser-vera les principes de composition (diagonale, verticale, rythme spatial…) mais se tournera décidément vers la figuration.
En 1993, il pousse un peu par hasard la porte de l'Ambassade de Chine à Lima et accepte la bourse d'étude qu'on lui propose pour une année renouvelable à Pékin.
Après une année obligatoire de cours de langue chinoise,
il retourne pour l'obtention d'un mastère sur les bancs
d'une école d'art.
María Gracia de Losada, Rocío Rodrigo et Martín Salazar sont la promotion 1986 de sculpture.
Les cours de sculpture dispensés à l'Institut central des beaux-arts (CAFA) sont exclusivement figuratifs. On exige en outre qu'il abandonne le travail de l'expression au bénéfice du travail du volume par plans, du travail de l'espace. Ce qui revient pour lui
à apprendre une nouvelle façon d'observer.
Formés à l'école du réalisme soviétique, les professeurs sont aussi pour certains sensibles aux arts de la Chine traditionnelle. Aussi l'accent mis sur la ressemblance formelle semble-t-il quelques fois remis en cause par ce travail d'observation et de préparation préalables.
Attentifs aux formes et qualités d'un bloc de pierre brute, d'un morceau de bois, les artistes chinois savent créer dans une masse déjà animée par la Nature : en témoignent la grande statuaire funéraire de la dynastie des Tang et l'œuvre contemporaine de Sun Jiabo.
Les vacances universitaires sont pour lui une astreinte au voyage, et lui permettent de comprendre ce qu'il ne fait qu'entr'apercevoir dans l'enceinte de l'Institut. Il se rend sur les sites célèbres de l'art bouddhique (Datong, Luoyang, Dunhuang…), de la culture populaire (Ansai, Gaomi…), de l'histoire de la Chine (Longue marche…).
Plusieurs expositions clôturent ce premier cycle chinois, dont l'exposition annuelle des diplômés de mastère que récompense chaque année, toutes disciplines confondues, le prix de la Fondation Okamatsu pour les arts. En 1998 le jury n'attribue pas de 1er prix et Martín Salazar reçoit le 2e.
Très peu de moyens sont à cette époque mis à la disposition des élèves : de l'argile et une machine à souder. Le choix des matériaux et leur intégration deviennent de fait un élément inattendu de son apprentissage. Il choisit donc la plupart du temps la cire et le bois de récupération. La couleur réintègre son œuvre. Comme un défi au contexte matériel, il entreprend dans sa chambre d'à peine 15 m2 la réalisation d'œuvres qui sans être monumentales dépassent les 2 mètres.
Il s'installe à Montreuil dans un nouvel atelier, collectif cette fois.
A Assouan il a fait la connaissance du sculpteur Marcel Petit (1926-2009)
et se rend fréquemment dans son atelier de Verrières-le-Buisson.
Nouveaux voyages, nouvelles rencontres, à l'occasion de symposiums et résidences en Egypte, aux Etats-Unis, à Taiwan…